Lauréat du prix YISHU 8 ? France 2017
Timothée Dufresne-Le rire des oiseaux
Vernissage:18h-20h30,le 9 décembre(samedi),2017
Durée:9 décembre-10 janvier,2017
Adresse:YISHU 8,Former Sino-french University,No.20(Jia)
Donghuangchenggen Beijie,Dongcheng District,Beijing 100010
Timothée Dufresne,né le 22 mars 1988 à Paris,dipl?mé de l’école des beaux-arts de Paris en 2013。Lauréat du prix YISHU 8 2017,Timothée est invité par YISHU 8 de septembre à décembre 2017 pour une résidence artistique à la maison des arts à Pékin。Son exposition personnelle aura lieu du 9 décembre 2017 jusqu’au 10 janvier 2018。
Là haut,les oiseaux rient en regardant les hommes。
Au début de mon séjour,Christine Cayol m’a dit une phrase assez surprenante,? l’idéal ce serait presque de ne rien faire ?。J’y entends maintenant la formule du poète Stéphane Mallarmé:? Le vide papier que sa blancheur défend ?。Mais le désir était plus fort et j’ai abandonné cet état d’équilibre pour essayer,pour faire。
Les caractères chinois sont dessins,ils sont tracés。Les mots chinois sont ouverts。
L’avantage d’être étranger,d’être un ignorant,c’est de pouvoir les regarder avec les yeux de l’enfant。ll faut la lune,la terre et un enfant pour faire un ventre,le rêve est une forêt nocturne,mā et ma de maman,m? de cheval,ma d’une question…… Je suis un enfant chinois dans le corps et avec l’esprit d’un jeune homme venu de France。La langue chinoise et ses caractères devient un jeu de construction où les signes vivants et leur sens s’assemblent pour créer le langage。Les mots chinois me font rêver。
Il y a du corps dans l’écriture chinoise;un corps qui danse et qui joue。J’ai joué moi aussi avec ces mots,avec ces signes。La calligraphie et la poésie sont des arts majeurs de la culture chinoise et ce n’est pas mon intention de les réinterprêter ou de les pasticher。Cette exposition est le travail d’un étranger。Je veux parler de la beauté que m’a inspiré la découverte du chinois。
Le caractère rén,l’être humain,est un des plus communs de la langue chinoise。Avec le trait unique 一,il m’appara?t comme une sorte de signe premier。Il semble que j’ai beaucoup tourné autour de ce caractère。J’ai voulu plAcer les gens au centre de l’exposition de plusieurs manières。Des tableaux de mots reproduisent des caractères écrits par des personnes de tous ages rencontrés au cours de mon séjour。Je rêve d’un grand jeu où les caractères sont mobiles et peuvent s’inscrire dans l’espace comme sur une feuille de papier。Les peintures sont aussi une manière d’interroger cette présence humaine en y associant des jeux de mots。Et puis la danse,qui est pour moi la plus belle des expressions avec la musique。J’ai fait des masques pour danser,des masques de monstres pour que chacun puisse incarner l’Altérité。L’altérité de l’étrangeté,celle qui fait peur jusqu’à ce que l’on s’y reconnaisse。
Je cherche une forme qu’il n’est pas facile à décrire。Je poursuis un autre idéal。Jouer ensemble et trouver un corps commun dans une danse qui n’a pas de règles。Je veux rendre hommage à l’accueil et à la bienveillance que m’ont témoigné tous ceux que j’ai rencontré。Au delà de toute chose,le mieux ici,c’est les gens。Je suis tombé amoureux,la Chine aura une place dans ma vie。
Timothée Dufresne
La danse des cerfs-volants
Timothée Dufresne est un prince-artiste。Le travail qu’il propose aujourd’hui à YISHU 8 témoigne de cette attitude libre et poétique qui n’hésite pas à disposer du monde et de ses éléments les plus sacrés pour jouer avec eux。Grand prince,il a su par son regard et son geste se dégager du poids d’une tradition millénaire,l’écriture chinoise,pour l’entra?ner dans sa danse à lui。
Petit Prince,il pose à sa manière,les questions que l’on trouve dans le texte de Saint Exupéry:? Ciel,Homme,quel caractère pourrait-on imaginer au-dessus du ciel ? ?。Ce sont des questions sans réponse,mais qui nous entra?nent comme une danse,une mélodie。Et si l’on inventait d’autres caractères ? Pour jouer d’autres partitions ? Poser certaines questions …… ? Il y a trois mois,Le petit prince est arrivé pour la première fois sur la planète chinoise,mais cela faisait longtemps qu’il s’y était préparé。N’ayant accès à l’écriture des idéogrammes que par l’intermédiaire des personnes qu’il rencontrait dans sa vie quotidienne,il décidait de partir à Wei Fang(潍坊)et de se tourner vers le ciel。La danse des cerfs-volants,mais aussi leur élaboration,lui appar?t comme une autre forme d’écriture,qui faisait se relier la terre et le ciel grace au vent。L’artiste s’est ensuite rendu dans un orphelinat à Ningjin(宁晋),non pas pour compatir ou aider,mais pour rendre à des jeunes figés dans les raideurs du handicap,la souplesse et la joie du rythme。Puis il est rentré à Pékin poursuiVRe son travail et nous le présenter,à nous,qui sommes aussi à notre fa?on des ? handicapés ?,à force de ne plus porter sur le monde qu’un regard lourd et inquiet。
La danse des cerfs-volants devint alors ? image ? pour ses recherches,elle se révélait périlleuse,risquée comme celle d’un corps qui s’élance et peut à tout moment s’écraser au sol。Le travail,ou je devrais plut?t dire,la planète en perpétuel mouvement de Timothée Dufresne est habitée par des vents qui désorientent notre fa?on habituelle de voir le monde et décoiffent nos raisonnements。Il ne s’agit pas de comprendre,mais d’entrer dans un rythme。N’est-ce pas le plus difficile pour chacun de nous ? Entrer dans la danse,l’artiste nous y invite,avec grace,humour et pudeur。N’ayons pas peur。Quittons nos masques sociaux,choisissons-en d’autres,plus immédiats,proches de nos pulsations。